Butembo : la cohabitation entre militaires et habitants bousculée par un conflit foncier à Nyalulembe-Kitakandi

Des habitants de la cellule Nyalulembe-Kitakandi à Butembo dans la province du Nord-Kivu se disent être insécurisés par des agents de la sécurité. Ils accusent ces agents de s’être substitués en agents de garde de leur lopin de terre, concession qui du reste est conflictuelle. Mardi 06 aout, une dizaine de ces habitants s’est pointée à Radio Moto Butembo-Beni pour se plaindre.

Ces habitants n’ont pas tardé d’accuser leur adversaire, dans le conflit foncier, d’être instigateur des accusations selon lesquelles des habitants de cette cellule sont en connivence avec des miliciens. Les choses ont semblé connaître un certain débordement lundi 04 août 2020.

Ce jour-là, des militaires ont effectué une perquisition dans le domicile d’un certain Musafiri à la recherche d’une arme et trois chargeurs. On l’accuse de collaborer avec les maï-maï qui seraient en formation dans le but d’attaquer la position des militaires de Kitakandi. Des militaires qui s’érigent en protecteurs de leurs adversaires dans leur conflit foncier.

Katembo Kalimuli Musafiri rejette ces accusations. Il compte se rendre au camp militaire de Rughenda pour réclamer des biens que des militaires auraient pris de sa maison pendant l’opération de perquisition. Selon lui, cette opération s’était déroulée pendant que lui venait de prendre fuite en craignant pour sa sécurité.

« Ils ont pris mon téléphone de 64 GB de 150 dollars et un autre TECNO de 17 dollars, une somme de 1000 dollars que j’apprêtais pour les matériels de construction. Je suis inquiet. Je n’ai jamais été membre d’un groupe armé. C’est juste un grief pour me déstabiliser. Il n’y a rien de tout », a-t-il lancé en appelant l’Etat à faire le suivi de cette question.

« La situation est sous contrôle… »

Contacté mercredi 05 août 2020 dans son cabinet par Radio Moto Butembo-Beni, le commandant régiment des FARDC basé à Rughenda, a expliqué que des investigations approfondies se poursuivent sur ce dossier. C’est dans ce cadre qu’il ajoute que deux personnes ont été interpelées.

Le colonel Ombeni Murengesi Masua Copernic précise que ses éléments sont à Kitakandi pour des raisons sécuritaires et non pour prendre la défense de telle ou telle autre partie dans le conflit foncier susmentionné.

L’autorité militaire conclut qu’il a la mission de traquer tous les groupes armés et leurs collaborateurs.

Un conflit foncier qui a pris des allures sécuritaires ?

Depuis 2013, deux parties se disputent la propriété de cette concession de Nyalulembe-Kitakandi au quartier Kyaghala en commune Bulengera.  Selon nos sources, cette affaire a déjà été analysée par le Tribunal de paix et le Tribunal de Grande Instance de Butembo.

Aujourd’hui, l’affaire est en cours d’une énième instruction au Parquet général de Goma. Paluku Kinyama, une des parties, espère que le calme pourra revenir à Kitakandi une fois le droit sera dit dans cette affaire. L’homme cite Malo comme un de ses vassaux. Monsieur Malo est celui qui représente l’autre partie aux instances judiciaires. Un certain  Kambale Mumetya Joseph se présente comme répondant de celle-ci.

Interrogé mercredi à Kyaghala, Kambale Mumetya Joseph dit reconnaître Paluku Kinyama comme un dépendant d’un certain Ntuba. Selon lui, Ntuba et Malo sont ses vassaux. Il se dit surpris de voir un allié de son vassal Ntuba se réclamer propriétaire de la concession disputée.

Entre temps, Mumetya et Kinyama, tous se réclament propriétaires de Nyalulembe-Kitakandi. Reste aux instances judiciaires de les départager. Pourvu que le verdict soit bien digéré par chacune des parties conflictuelles. Un conflit foncier aux allures d’un arbre qui cache une forêt.

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