RDC : la prestation de serment par les trois juges constitutionnels délie les langues à Goma

Trois juges membres de la Cour Constitutionnelle ont prêté serment mercredi 21 octobre 2020. C’était à l’absence de Jeanine Mabunda et Thambwe Mwamba, respectivement présidents du Parlement et du Sénat. Cette actualité ouvre une brèche à des analyses multicolores en ville de Goma dans la Province du Nord-Kivu.

Pour Fabrice Kugaya, cadre du FCC et communicateur du PPRD, la prestation de serment par les trois juges constitutionnels sous la bénédiction du président de la République est anticonstitutionnelle et fait la honte de la république aux yeux du monde.

« Nous le qualifions de non évènement cet acte du président. C’est un acte irrégulier et qui viole la constitution. C’est le caractère charismatique de la constitution et des institutions, qui a été dépiécé et nous trouvons cela pathétique. Nous, au FCC et PPRD, nous allons continuer de nous battre dans les cadres légaux et institutionnels pour faire revenir le président au bon sens », lance-t-il.

Augustin Kapila fervent du CACH et communicateur de l’UDPS en province, rejette du revers de la main ces allégations. Parce que, selon lui, c’est en vertu de l’article 158 de la loi fondamentale du pays que le président a posé cet acte corroborant l’Etat de droit.

« Ce n’est pas une violation de la constitution car la loi dit que les juges prêtent serment devant le président de la république. Toutes les autres personnes ne sont là qu’en qualité d’invités. Leur présence ou non, ne peut pas empêcher la tenue de la cérémonie. Le débat est ailleurs! Ce n’est à rapport avec la violation de la constitution ; cela n’est qu’une analyse erronée faite par nos adversaires politiques. Tout le monde veut avoir le contrôle de la cour constitutionnelle. L’article 158 de notre loi fondamentale stipule que la cour comporte 9 membres tous nommés par le président de la république : Trois désignés par sa propre initiative, 3 désignés par les députés réunis en congrès et 3 autres désignés par le haut conseil de la magistrature », argumente-t-il.

Les deux chambres du parlement sur une pente raide ?

Laurent Mugiraneza, analyste indépendant et Enseignant d’Université, mentionne qu’anticonstitutionnel ou non, l’acte est déjà consommé et il est temps qu’il déclare la fin de cette coalition, qui loin de répondre efficacement aux attentes du peuple.

« Anti constitutionnel ou pas, les juges ont été investis. Le président a montré sa suprématie face aux intimidations soit du FCC, soit autres. Comme il est allé jusqu’au bout à installer les juges, cela démontre qu’il y a quelque chose qui se planifie et c’est un problème pour notre pays. C’est humiliant que les présidents du sénat, du parlement et le premier ministre aient refusé de répondre à l’invitation du chef de l’Etat. Cela est d’ailleurs une preuve qu’il y a une crise qui s’installe au pays. Si, une fois courroucé, le président décide de dissoudre les 2 chambres du parlement, ça sera un problème sérieux, une pire catastrophe », analyse-t-il.

Le fait que le président se soit imposé à entériner le serment des trois juges constitutionnels, était pour lui de faire preuve de sa stature de haute Magistrature et de garent de la nation, a-t-il poursuivi.

John Tsongo

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