Butembo : le jeune Mahamba Joël remporte le Premier prix du Festival International « Besoin d’air »
Butembo peut se réjouir des artistes qui l’honorent et portent sa voix à travers le monde. C’est la joie qu’exprime, ce samedi 3 avril 2021, Kambale Mahamba Joël, dit Djoman après sa proclamation comme premier lauréat au Concours de Poésie organisé par l’association française « Chansons Sans Frontières ». Cet artiste poète, écrivain et Slameur de Butembo au Nord-Kivu, à l’Est de RDC, s’est confié à Moto Zik (Un programme qui accueille les jeunes artistes sur la Moto TV chaque samedi et dimanche) pour expliquer au public de Butembo et environs le contenu de sa précieuse œuvre « Emah ».
Au cours de ce programme diffusé sur la Moto TV, Kambale Mahamba Joël a raconté comment il est parvenu à remporter le premier prix “Besoin d’air” au Concours de Poésie organisé par l’association française « Chansons Sans Frontières ». “Emah” est l’intitulé du texte qu’il a musicalement produit. Djoman dit y exprimer la douleur d’une survivante des massacres de Beni à la recherche d’un nouvel air de vie, de paix et d’amour.
“En écrivant ce texte, je me suis mis dans la peau d’une jeune fille de Beni qui a deja perdu les siens avec son village incendié. J’ai parlé des massacres de Beni, j’ai parlé de comment les orphelins vivent depouillés de leurs parents et tous les membres de leurs familles”, explique ce jeune Slameur.
Ce document a mérité une côte excellente du jury du concours qui a mis aux prises 1.164 candidats poètes, recrutés de tous les coins du monde. Kambale Mahamba Joël Djoman, son auteur, est membre du Cénacle des Poètes La Plume d’Or de Butembo. Il est prévu que ce 22 ans et diplômé d’Etat participe à la remise des trophées en France-Normandie, le 17 juin 2021.
« Normalement, le lauréat doit être présent à l’activité de remise de prix. Elle aura lieu le 17 juin 2021, en Normandie, au Nord de la France. Si Dieu le veut, je partirai. Je partirai participer à cette grande activité de remise de prix », a-t-il confié.
Il s’agira du deuxième grand prix que l’artiste aura reçu depuis l’expression de son talent. En 2020, Kambale Mahamba Joël Djoman a décroché un diplôme d’encouragement de l’association française Europoésie. L’artiste s’ajoute ainsi à plusieurs autres de Butembo qui ont été, à travers leurs œuvres, les voix des sans voix de la population opprimée de RDC.
Emah
Dans le désespoir, je vis seule,
L’hiver des maux glace mon cœur.
L’épée mortelle est sur la meule
Pour moi. Elle me veut. J’ai peur !
Ma respiration s’entrecoupe,
J’ai besoin d’air ! J’ai besoin d’air !
Pourquoi la vie me tend la coupe
Du chagrin ? Le malheur me sert !
Refrain
Je m’appelle Emah, je divague
Sous un vent aigre en étouffant,
Ma joie est floue, ma joie est vague,
Je souffre, je suis pauvre enfant.
Je m’appelle Emah, je divague
Sous un vent aigre en étouffant !
Quand je pleure, au lieu des larmes
C’est le sang qui sort de mes yeux,
Nul ne répond à mes alarmes,
Hélas ! Très sombres sont mes cieux.
Je vis l’aigreur, je vis la peine,
Je n’ai plus de toit, ni de lit.
Puisque ma vie n’est plus sereine
Une ire croit dans mon esprit.
La guerre m’a tout dérobée.
Mes frères, mes sœurs, mes parents
Sont morts. Mon âme est enrobée
Par un voile noir des tourments.
Ma campagne est incendiée,
Les machettes et les couteaux
M’ont tout ravi, m’ont tout volé.
Le sang rougit les ruisseaux !
Oh ! Je suis seule et étouffée,
J’ai besoin d’air ! J’ai besoin d’air !
L’amertume m’a assommée,
Je vis dans un triste désert !
Patrick Kalungwana