Goma : Plein de rêves mais dépouillé de tout espoir, l’Enfant Bernant erre dans les rues

En République Démocratique du Congo RDC, dans sa partie Est, en province du Nord-Kivu et en particulier en ville de Goma, la vie des enfants en rupture familiale laisse à désirer. Chaque jour, ils sont estimés à des dizaines, ces enfants dits de la rue, qui passent d’une avenue à l’autre à travers la ville de Goma, à la recherche de quoi vivre. Cet article présente un tableau sombre d’un enfant désireux de devenir médecin mais dépouillé de tout esprit de famille.

Il s’agit de Monsieur Bernant, un garçon d’une dizaine d’années. Ramassage des tranches de fers dits « Bichuma » et des tranches de matières plastiques à revendre, c’est l’ordinaire de ces enfants qui ont abandonné leurs familles biologiques pour des raisons diverses. Bernant a environs 10 ans pendant qu’il se confie à RADIOMOTO.NET au mois de juin 2021. Ses parents vivent à Minova, un village situé dans la province du Sud-Kivu, voisine de celle du Nord-Kivu. Bernant vit dans la rue depuis bientôt 2 ans. S’il est arrivé en ville de Goma, c’est parce que ses parents sont nomades pour sa mère et peu riche pour son père.

“Ma mère est nomade, elle est très moins permanente à la maison. Elle voyage toujours. Papa n’a pas assez de moyens, lui aussi vit à Minova”, explique-t-il.

Et comme il est difficile de trouver de l’argent pour survivre au niveau de son village, Bernant a emprunté un camion Fuso pour Goma. Ce garçon affirme avoir abandonné sa famille pour deux raisons : d’abord parce que ses parents ne savaient plus s’acquitter de leurs devoirs vis à vis de lui ; ensuite parce qu’à Minova, dans son village natal, il n’y a pas assez d’activités génératrices de revenus.

Un calvaire pour un mineur

Le froid nocturne, des nuits sans manger, des plaies non soignées, des gifles de la part de ses compagnons anciens dans la rue,… tout cela fait partie du quotidien de Bernant. En ville de Goma, Bernant dispose d’une famille qu’il visite certains dimanches. Mais ses membres de famille ne lui ont jamais demandé de les rejoindre…

“J’ai une famille en ville de Goma. Je la visite souvent les dimanches. Les familiers ne m’ont jamais demandé de les rejoindre. Sinon s’ils osaient me dire de les rejoindre, je n’hésiterai pas”, lance-t-il.

En dépit de ces souffrances incalculables dans la rue, Bernant rêve devenir médecin, s’il trouve un jour, quiconque pourra le scolariser.

“Suis disposé à réintégrer les études. Pourvu que je trouve un sponsor. Et cela concrétisé, je rêve devenir médecin”, confie ce garçon.

La vie des enfants de la rue, et cette inquiétude profonde des activistes des droits humains

La vie de ces enfants dans la rue constitue une véritable bombe en retardement.

“L’état Congolais devait fournir plus d’efforts à les encadrer, et leurs parents devraient être suffisamment sensibilisés de façon à les empêcher d’intégrer la rue”, pense Dufina Tabu Mwene Batende, activiste des droits humains, coordonnateur de l’association es volontaires du Congo (ASVOCO).

L’Etat face au défi d’encadrement

Il y a peu, un agent commis à la division des affaires sociales avait confié à RADIOMOTO.NET que la question des enfants de la rue préoccupe.

“Mais l’une des difficultés de taille pour leur encadrement est située à deux niveaux : d’un côté, les uns parmi eux, n’arrivent pas à s’adapter dans les centres d’accueil et d’encadrement ; de l’autre, d’autres sont envoyés par leurs familles, les forçant à la mendicité, suite aux conditions de vie difficiles, … il faut donc une étude profonde et sérieuse à partir de leurs familles d’origine, puis le gouvernement devra rendre disponible des moyens colossaux pour la cause, et mettre en place une bonne politique de leur encadrement”, avait-il lancé.

Sur le continent Africain, ils sont plus de 30 millions, ces enfants en rupture familiale, qui vivent dans la rue et dont les conditions inquiètent. Au monde entier, l’organisation des nations unies pour l’éducation, la science et la culture (UNESCO), note un effectif de plus de 120 millions d’enfants de la rue qui vivent sans encadrement.

John Tsongo

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