Nord-Kivu : plus de 160 familles de sinistrés sommées de vider leur milieu d’asile dans une école à Goma
Plusieurs sinistrés du volcan Nyiragongo dans le Nord-Kivu ont envahi le marché Katoyi dit Kisoko ce jeudi 09 septembre 2021. Ces sinistrés étaient jadis cantonnés dans les enceintes du complexe scolaire Maulière Musayi, sis sur avenue Vikindwe du quartier Kasika, en municipalité de Karisimbi dans la ville touristique de Goma. Pendant que les responsables de l’école en question nient avoir chassé les sinistrés, les autorités de l’Etat ne commentent pas cette question.
L’un des membres du comité des sinistrés, monsieur Meso Musavuli, rapporte qu’elles sont plus ou moins 160, ces familles qui ont été sommées de vider l’école-hôte. Ces sinistrés sont cantonnés dans le marché de Katoyi dit Kisoko.
Sur cet espace transformé en poubelle, les pauvres citoyens dégagent les déchets pour se trouver chacun un espace où se caser, malheureusement sous les odeurs nauséabondes.
“C’est très dangereux et très risqué, ce que nous faisons ici. Nous manions même des serpents, à force de dégager ces couches de déchets, pour nous frayer, ne serait-ce qu’où se positionner sous ces tas de pierres“, lance cette femme.
“Plaidez pour nous s’il vous plaît. Sommes au point de mourir par hyper ou hypotension. Défendez-nous s’il vous plaît, Dieu pourra vous bénir aussi en guise de reconnaissance!”, s’exprime Elisabeth, rencontrée en plein dégagement à Kisoko.
Assise à un jet de salive d’Élisabeth les mains aux joues, Darlose se dit très inquiète! ” Ce que je crains maintenant, c’est que nous courrons incontestablement le risque de passer nuit à la belle étoile. Nous manquons vraiment de tout : de l’eau à boire, des toilettes, des habits, des banches, des couvertures“.
Cette situation dépasse Précieuse, la cinquantaine. Elle plaide pour une aide urgente pour sauver la situation. “Où serait notre gouvernement ? Qu’il nous vienne en aide“, laisse-t-elle entendre.
“Nous n’avons déguerpi personne”
Les responsables du complexe scolaire Maulière Musayi, affirment n’avoir pas déguerpi les sinistrés de leur école. Ils indiquent avoir informé préalablement toutes les autorités à tous les niveaux ; que les conditions hygiéniques au sein de cette école, ne permettaient plus que ces citoyens continuent d’y vivre.
À l’absence du gestionnaire et du Préfet des études de cette école, RADIOMOTO.NET s’est entretenue avec le directeur de discipline du C.S Maulière Musayi. Eugène Kasereka lance “Nous avons délibéré de demander aux sinistrés de quitter la concession de l’école, parce que les conditions hygiéniques ne permettaient plus à ces citoyens de vivre confortablement. Ils étaient exposés aux maladies. En plus, l’état de l’école laisse à désirer. Loin de là, les vacances sont très courtes: seulement 3 semaines. Si les vacances étaient assez longues, nous aurions dû attendre que le gouvernement Congolais trouve un palliatif à la situation de ces sinistrés, pour lancer les travaux de la réhabilitation… mais hélas ! Nous n’avons pas déguerpis nos frères sinistrés. Nous les avons informés d’avance par le biais de leur comité. Nous avons également écrit aux autorités locales à tous les niveaux : les chefs d’avenues, le chef de quartier, le bourgmestre et les autres”.
Un des membres du comité des sinistrés ne rejette pas cette information.
“Le responsable du Complexe scolaire Maulière Musayi nous a informé qu’il allait réhabiliter son école. Comme lui, nous avons alerté les autorités étatiques et personne d’entre elles n’a réagi favorablement à notre préoccupation. À notre qualité de dirigeants des sinistrés dans ce site, nous n’avons nulle autre part où les caser. Nous les avons à cet effet, orienté dans cette aire appartenant à l’Etat Congolais, comme pour susciter cet Etat à leur venir en aide“, confie Meso Musavuli.
Le bourgmestre de la commune de Karisimbi a refusé de se prononcer à ce sujet. Pendant ce temps, le porte-parole du gouverneur militaire du Nord-Kivu dit lui ne pas être au courant de cette situation.
Le volcan Nyiragongo entrait en éruption samedi 22 mai 2021. Plus de trois mois depuis cette éruption, qui laissait plusieurs familles sans abris, le gouvernement Congolais tarde à apporter une solution durable au problème de ces citoyens. Pourtant, des abris provisoires sont déjà construits et prêts à être habités sur le site de Kanyaruchinya situé à environ 7 km au Nord de la ville de Goma, en plein territoire du Nyiragongo.
John Tsongo