Nord-Kivu : “les vrais modèles de lutte contre les VBG sont dans nos cultures et coutumes” (Docteur Jules Katsurana à Goma)
Une séance d’échange sur la lutte contre les Violences Basées sur le Genre (VBG) a eu lieu au campus de lac de l’Université de Goma. Ce cadre a accueilli, ce samedi 04 décembre 2021, les étudiants de l’UNIGOM ainsi que ceux d’autres universités, plusieurs acteurs agissant dans le domaine de lutte contre les VBG et le Programme d’Accompagnement des Etudiants (PAE). Dans son exposé, le Docteur Jules Katsurana, enseignant d’Universités, a retrouvé la solution ultime contre les VBG dans la mise en application d’une lutte basée sur une coutume Positivo-traditionaliste.
Les échanges de ce samedi s’inscrivent dans le cadre d’une série d’actions accompagnatrices de la campagne de 16 jours d’activisme contre les VBG. « Pour que les femmes participent elles-mêmes à la lutte contre les VBG à leur endroit, elles doivent d’abord apprendre non seulement à dénoncer leurs auteurs, mais aussi cesser d’être elles-mêmes obstacles pour la lutte » ; c’est le gros qu’on puisse retenir des échanges universels au cours de cette séance.
Les débats ont tourné autour des origines des VBG, les défis et les solutions, pour espérer les réduire ou carrément en finir.
Le Docteur Jules Katsurana, enseignant visiteur à l’Université de l’assomption au Congo UAC, et acteur humanitaire, a circonscrit les obstacles dans la lutte contre les VBG.
« La lutte ne se passe pas sur les problèmes réels. Nous restons en train de parler des VBG de façon générale, alors qu’il faut identifier à quoi est due l’inégalité et travailler sur les choses spécifiques. Un autre blocage est situé au niveau de l’engagement institutionnel. La lutte semble être une affaire des organisations souvent non gouvernementales… Pourtant, on a besoin d’un engagement qui soit institutionnel : des écoles, des universités, des ministères, des entreprises, pour que ladite lutte soit interne, une lutte endogène », a-t-il argumenté.
Et là, dans la vulgarisation des messages sur les VBG, il faudra cesser de ne prendre que les modèles étrangers, encore qu’il y en a déjà dans nos coutumes.
« Quand on œuvre dans la sensibilisation, on prend pour Modèles, les femmes étrangères : les Françaises, les Canadiennes,… On oublie qu’il y a des modèles au niveau interne. Par exemple la dame Namurisi dans la culture Hunde. Si vous arrivez à Kitshanga, vous allez la trouver, c’est vraiment un modèle. Dans la culture Nande, il y a des pratiques coutumières favorables à l’égalité entre les hommes et les femmes. C’est notamment le partage des terres: la femme a droit à la terre léguée par son père », a poursuivi le Docteur.
Et la solution ultime, Martelle le Docteur, suppose une mise en application d’une lutte basée sur une coutume positivo-traditionaliste.
« Je résume la solution en une approche que j’appelle “approche positivo-traditionaliste”, il s’agit en effet d’un féminisme qui évite de pouvoir critiquer les coutumes locales, mais qui engage beaucoup d’acteurs. Je prône donc cette approche traditionaliste, qui part des réalités locales, trouver dedans des opportunités et des pratiques favorables à l’égalité. Il faudra alors, que la lutte soit institutionnalisée : Que les Institutions comme les universités, prennent des mesures et des engagements forts pour lutter contre les abus et exploitations sexuels », a chuté l’enseignant Jules Katsurana.
La dénonciation des auteurs d’abus sexuels et autres formes de VBG, la sensibilisation de tous les acteurs assumant des postes de responsabilité, l’inculpation de la notion des VBG tant dans les familles que dans les écoles… c’est un paquet parmi les actions à mener pour rendre fructueux le combat contre les VBG, soutient en fin, Passy Mubalama de Aide Profen et acteur des droits de la femme.
John Tsongo