Goma : les conducteurs de taxis bus et voitures refusent de peindre au jaune leurs véhicules
La ville de Goma dans le Nord-Kivu a connu une journée sans bus ni voiture de transport en commun, lundi 31 janvier 2022. Les mouvements citoyens joints aux chauffeurs disent protester contre la mesure du maire, exigeant la peinture jaune sur tous les taxis bus et voitures. Les conséquences sont graves sur la vie quotidienne des citoyens à travers la ville.
Déjà tôt le matin, Goma a été privée de son ambiance trans-urbain. Des chauffeurs et convoyeurs se sont tous ligués pour barrer la route aux récidivistes.
“L’état nous demande de peindre nos véhicules en couleur jaune. Nous ne contestons rien à notre qualité de chauffeurs. Sauf, nos patrons ont déjà refusé cette mesure. Parce que pour la plupart, leurs véhicules sont en vente. Alors en peignant leurs véhicules, ils diminuent automatiquement de valeur. Nos patrons sont tous prêts à payer les taxes qui leur seront exigées par l’état, mais jamais peindre en couleur jaune leurs véhicules. Qu’ils nous en épargnent”, a laissé entendre Maboko, un des chauffeurs-bus.
Une grève illimitée ?
Plusieurs chauffeurs ne sont pas prêts à décolérer.
“La grève des conducteurs va se poursuivre, jusqu’à ce que l’Etat aille décider, soit d’annuler la mesure, soit de peindre gratuitement les véhicules, ou carrément d’injecter ses propres engins peints en jaune dans le transport en commun”, soutient Adolfe.
Et de poursuivre “Que l’état mette à notre disposition un garage où nous irons peindre gratuitement nos engins, car nous, on n’a pas d’argents”.
Dans les esprits des propriétaires des véhicules, la décision du maire est jugée d’impopulaire.
“C’est impossible ! Comment ce fait-il qu’après m’être payé un engin de ma couleur préférée, quelqu’un vienne m’obliger de modifier sa couleur ?”, s’interroge monsieur “Whattsap”, détenteur d’un bus, qui soutient qu’ouvertement, il va lui-même grever.
Grève et souffrance, pour quel impact sur citoyens ordinaires ?
Cet esprit radical des transporteurs a déjà impacté négativement sur la vie des citoyens ordinaires. Plusieurs prennent même le risque de monter les motos tripoteurs dites trois pneus, pour joindre les extrêmes (Mugunga, Ndosho, Rusayu, Turunga, Buhené, Ndlr) au centre-ville. Les personnes hostiles au soleil accablant qui ne savent pas se payer la course à moto, devenue aussi plus chère que de coutume, s’en désolent.
“J’allais à Birere, chercher la marchandise. Mais je trouve qu’il n’y a pas de bus à cet arrêt. Et avec la moto, on me demande 1500 FC, de Mutinga où je suis, jusqu’au centre-ville Birere. Pourtant, avec le bus, c’est une course pour laquelle je débourse de coutume 300 ou 400 FC. Nous ne savons à ce niveau, comment nous saurons effectuer des achats et gagner quelque chose par la marchandise que nous prétendons nous procurer”, a lâché cette vendeuse de la tomate, rencontrée à l’arrêt Bus Mutinga.
Une grève désavouée ?
Plusieurs chauffeurs et convoyeurs dits “Atalaku”, se sont ligués pour barrer la route aux contrevenants vis-à-vis de la grève. Mais ils ont vu la police sur leur chemin. Des arrestations et des blessés graves en sont sortis comme résultante.
La verenda Mutsanga section de Goma, co-organisatrice de la grève, appelle le maire à coopérer et non s’imposer pour atténuer les retombées surtout négatives sur la paisible population.
“On ne gère pas un peuple souverain comme des petits esclaves dans son propre pays“, a pour sa part, lâché, Ricky Patrick Paluku, son coordonnateur.
La mesure du maire mise à cause par les conducteurs
Pour tenter de faire face à l’insécurité dans la ville de Goma, le maire de ville a pris la décision d’ordonner aux tenanciers des bus et voitures de transport en commun, de peindre chacun son engin en couleur jaune. Son vœu a vite été dénoncé et/ou perçu comme un moyen de rançonner les tenanciers des véhicules, attestant que le maire voulait s’enrichir sur leurs dos, en exigeant une taxe de 10 dollars.
Il y a une dizaine de jours, la même autorité a prorogé de deux mois la même mesure, avant de rejeter les allégations de ceux qui pensaient qu’elle cherchait à se faire du lucre.
En outre, ces arguments sont loin de persuader les entrepreneurs dans le domaine du trafic urbain. Ceux-ci se rappellent que le bus n’a été pointé dans aucun cas d’insécurité ni d’enlèvement en ville de Goma.
John Tsongo