CENCO sur l’instabilité en RDC : « Arrêtez de tuer vos frères »

Des évêques membres de la CENCO lors de travaux du dialogue national inclusif à Kinshasa, le 09/12/2016. Radio Okapi/Ph. John Bompengo.

Les Archevêques et Evêques membres du Comité Permanent de la Conférence Episcopale Nationale du Congo, CENCO, ont publié, jeudi 08 avril 2021, un message sur l’instabilité Politico-sécuritaire en RDC. Dans leur document, les Pasteurs de l’Eglise Universelle reviennent sur la « passivité et même la complicité de la MONUSCO dans la persistance des massacres à l’Est du pays ». Face à cette situation, les Evêques formulent plusieurs recommandations pour contribuer au retour de la paix dans les regions de l’Est où opèrent sans souci plusieurs groupes armés.

Dans leur message intitulé « Arrêtez de tuer vos frères. Le sang de ton frère crie vers moi du sol», publié ce jeudi, les Prélats de l’Eglise indiquent que la présence onusienne suscite de plus en plus de suspicion et de scepticisme parce qu’elle n’a pas réussi à stopper les massacres, même quand cela se passe à quelques mètres des positions des forces onusiennes.

« Les victimes se comptent par milliers : plus de 6.000 morts à Beni depuis 2013 et plus de 2.000 à Bunia pour la seule année 2020. On compte également au moins 3 millions de déplacés et environ 7.500 personnes kidnappées.  A cela s’ajoutent l’incendie de plusieurs maisons et villages, la destruction et la fermeture des écoles et centres de santé, la mise à sac des bâtiments administratifs, le pillage des bêtes, champs et cultures,  etc. Les auteurs sont souvent des groupes armés et des miliciens dont certains véhiculent une idéologie proche du satanisme », déplore la CENCO.

Elle relaye que certaines personnes pensent qu’il y a, dans une certaine mesure, des aspects d’un conflit intercommunautaire  suite  à l’arrivée brusque et massive des populations qui s’expriment en Kinyarwanda appelées banyabwisha et des populations en provenance de l’Ouganda qui ne parlent aucune langue locale.

Les Evêques déplorent une sédentarisation de certains officiers qui s’opposent à être déployés ailleurs ;  la modicité et le détournement de la solde des militaires de rang et de leur ration ;  une mauvaise gestion des effectifs, tantôt insuffisants, tantôt fictifs. « Ceux qui tombent au front ne sont ni recensés ni déclarés », fustigent les Evêques.

Ils condamnent aussi une grande infiltration des éléments étrangers à la faveur des opérations de brassage et de mixage ; la présence des anciens rebelles du RCD, du CNDP et du M23 dans les rangs des militaires engagés dans les opérations à l’Est.  Ceux-ci dénoncent par ailleurs l’affairisme de certains officiers, plus soucieux du business que de la conduite des opérations militaires.

Les Evêques mentionnent en outre que la population a le sentiment d’être abandonnée. « Les promesses du Gouvernement central quant au rétablissement rapide de la paix sont nombreuses, mais plusieurs sont souvent restées sans effets…De toute évidence, la chaîne traditionnelle de renseignement et de commandement paraît défaillante ; et plusieurs chaînons font partie du problème, voire du blocage. Certains responsables politiques et militaires obstruent la prise idoine de décisions ou en compromettant l’exécution », dénoncent les  Archevêques et Evêques membres du Comité Permanent de la Conférence Episcopale Nationale du Congo, CENCO.

Des recommandations des Evêques

Les Evêques et Archevêques suggèrent que diligence soit faite pour régulariser la paie de la solde des militaires surtout celle des soldats de rangs, et vérifier la meilleure utilisation des ressources allouées aux unités engagées dans les opérations, la maîtrise des effectifs et la bonne tenue de la logistique sur le théâtre des opérations. « Détourner la solde et la ration des militaires au front est un acte criminel », insistent-ils.

« Il s’avère urgent et nécessaire de déplacer tous les officiers militaires ayant évolué dans les différentes rébellions ou groupes armés à l’Est du pays, et mettre à l’écart de la chaine du commandement et de la logistique ceux qui seraient réputés agents-relais des armées étrangères », poursuivent les Prélats de l’Eglise de la RDC.

Les Pasteurs plaident aussi pour le renforcement des effectifs et des supports logistiques. « Nous demandons de renforcer les effectifs des régiments et les doter des moyens logistiques adéquats dont les drones de reconnaissance et d’attaques en vue de réduire les pertes en vies humaines et en matériels », poursuivent les Evêques. « Que plaidoyer soit fait pour une opération militaire de grande envergure à l’instar de la mission « ARTEMIS » qui fut menée, du 6 juin au 6 septembre 2003 en Ituri, par l’Union Européenne au titre de la Politique européenne de sécurité et de défense, sous l’autorité du Conseil de Sécurité de l’ONU », enchaînent les  Archevêques et Evêques membres du Comité Permanent de la Conférence Episcopale Nationale du Congo, CENCO.

Les Evêques concluent que la RDC ne peut pas espérer le développement de ce pays tant que l’Est restera sous contrôle des prédateurs.

Patient Akilimali

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