Nord-Kivu : les paysans cultivateurs sous l’emprise des groupes armés dans le territoire de Rutshuru

Dans plusieurs coins du territoire de Rutshuru en province du Nord-Kivu, les combattants membres des groupes armés exigent argent et récoltes aux paysans cultivateurs pour leur permettre d’accéder à leurs champs. Cette pratique est variable selon les zones. Mais dans tous les cas, elle pèse sur les habitants.  

Du groupement de Rugari à celui de Binza en passant par le groupement Bukoma, la situation est pareille. Les habitants qui se sont confiés à RMBB jusqu’au jeudi 24 septembre appellent au secours. Ceux-ci sont contraints de payer de l’argent et de donner une partie de leurs récoltes aux groupes armés pour espérer continuer de  travailler ou d’accéder à leurs champs.

Selon des habitants de Rugari, par exemple, deux groupes armés,  Nyatura coalisés aux FDLR et Turarambiwe, font payer mensuellement une somme de dix dollars américains aux tenanciers des échoppes à Rugari centre. « Les responsables de ces groupes armés recouvrent cet argent par des habitants interposés », nous indique-t-on. « Pour chaque tête de vache, les éleveurs payent mensuellement mille 500 FC. Quant aux paysans cultivateurs, ils sont sommés de remettre une bassine de pomme de terre ou de sorgho à chaque récolte », indiquent nos sources.

« C’est une contribution à l’effort de sécurisation », expliquent ces groupes armés, cités par des habitants.

A Nyamuragiza, dans la périphérie de Nyamilima, en groupement de Binza, un certain Katurebe du groupe armé FDLR Nyatura conditionne l’accès des paysans à leurs champs par le versement d’une somme de 1000 FC chaque semaine. Et comme si cela ne suffisait pas, chaque mercredi, Katurebe soumet les paysans cultivateurs aux travaux forcés dans ses champs, confie un habitant de Nyamilima.

Et à Kahunga, dans le groupement Bukoma, des paysans rapportent que des combattants FDLR font payer 5 dollars américains pour une superficie de 25 mètres carrés pour chaque saison. Et à la récolte, chaque paysan doit leur donner un peu plus de 15 kg de soja ou de haricot. Quant aux gestionnaires des tracteurs, ils déboursent 25 ou 50 dollars américains par saison selon qu’ils travaillent des champs situés en groupement Bukoma ou à Kiseguro, dans le groupement de Binza.

Ceux qui résistent se voient refuser l’accès aux champs ou sont victimes d’autres abus tel le kidnapping, notamment les tenanciers des échoppes à Rugari centre.

Parallèlement, ces habitants payent les taxes et autres droits dus à l’Etat congolais représentés à différents niveaux. Et ce  phénomène dure depuis des années dans certains coins ou depuis quelques mois dans d’autres. Il pèse trop sur les habitants du territoire de Rutshuru et constitue une entrave à leur essor économique, disent-ils. Ces habitants  appellent le gouvernement congolais à les débarrasser de ces groupes armés.

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