Goma : une vie pénible pour des enfants sinistrés un an après l’éruption du Nyiragongo (Reportage)

Des enfants sinistrés rassemblés dans leur camp pour une photo lors de la descente de RADIOMOTO.NET sur place au courant de la semaine. © John Tsongo

RADIOMOTO.NET poursuit sa série de reportages dans le cadre d’un an de la récente éruption volcanique du Nyiragongo. Cette semaine, elle s’est intéressée au vécu quotidien des enfants sinistrés se trouvant notamment dans le camp de Kisoko/Katoyi en ville de Goma (Nord-Kivu).

Reportage

Dans le camp de Kisoko/Katoyi, situé en municipalité de Karisimbi en ville de Goma, des dizaines d’enfants sont dans une situation particulièrement maussade. Juste à l’entrée des visiteurs sur ce site, le chagrin de ces enfants se mue en joie, scandant ainsi des chants d’accueil. C’est par la suite en plein camp que l’on se rend compte de leur vraie vie.

D’un côté, privés de l’éducation

Abordés, de nombreux enfants se sont désolés d’avoir abandonné les études fautes de moyens. Le cas d’Agathe Buchu, 9 ans, qui est révoltée d’être refoulée de l’école presque tous les jours.

« Nous tous là, n’étudions pas. Notre école avait été calcinée par la lave. Et jusqu’ici, elle n’est toujours pas reconstruite. En plus, là que nos parents nous ont réinscrits, on nous chasse faute de paiement des frais scolaires », témoigne-t-elle.

Et la famine devenue inévitable

Un autre problème auquel se heurtent les sinistrés de la récente éruption dudit volcan, reste le manque de nourriture. Adultes ou enfants : ils se trouvent victimes d’intempéries, car sans abris confortables.

« Nous passons nuit à même les pierres. Et quand il pleut, c’est de la pire catastrophe. Dans pareil cas, nous rassemblons les sacs, nous les joignons de façon à faire quelque chose de similaire à une bâche, juste pour nous protéger. Nous en appelons aux bonnes volontés, de venir nous racheter d’ici. Sinon, cette vie laisse à désirer », raconte Sylvie Kanane, 10 ans.

Un site sans eau potable ni dispositif de protection contre les serpents, des toilettes non aménagées encore moins entretenues, voilà le profil de ce lieu. Et cela inquiète Vérité Kasereka, 7 ans.

« Nos toilettes d’ici sont toutes à très mauvais état. Elles n’ont pas de dalle, même pas de planches. Et nous enfants avons peur de les utiliser sous peine d’y tomber et perdre nos vies. À part ça, nos abris sont parsemés de lunettes. Et ce site n’a même pas non plus d’eau », fait constater Vérité, cet autre enfant sinistré.

Comme si cela ne suffisait pas, ces enfants sont aussi victimes de la stigmatisation de la part de certains de leurs amis, voisins du camp.

« Les amis voisins de ce camp se moquent souvent de nous, disant que nous sommes des pauvres sinistrés qui n’avons et ne valons rien », regrette encore une fois Agate.

Mais en dépit de ces situations hors confort, ces enfants rêvent quand même devenir des personnages très importants dans la société à venir.

« Moi je serai couturière, moi Menuisier, moi Médecin, moi Enseignante, moi, responsable de l’aviation civile, moi je serai avocat, moi je serai Journaliste, moi je serai militaire, moi serai musicien, moi je serai un grand Docteur, moi je serai scieur des planches », font entendre en vrac l’un après l’autre.

Futurs menuisiers, avocats, Médecins, Militaires ou encore Journalistes, ces enfants fiers de la visite de Radio Moto, l’expriment sans crainte.

« Nous disons merci à Radio Moto, d’être venue nous voir. Allez dire aux autorités que nous avons besoin d’étudier. Notre avenir ne doit pas être victime de ce sinistre », lâchent-ils.

Assoiffés de revenir à l’école, plusieurs d’entre eux gardent encore en cœur quelques récitations jadis apprises, avant que l’éruption ne consume leurs écoles. Mais ces récitations moins bien arrangées dans les cerveaux de ces moins âgés, attendent un coup de pouce pour prendre en charge leur éducation. D’où, la nécessité des bonnes volontés pour leur venir en appui.

Un an plus tard que le Nyiragongo envoyait au sinistre les familles de ces enfants, leur résilience est loin de se vivre. Leurs parents estiment que l’unique solution face au défi, c’est les retourner dans leurs milieux d’antan.

John Tsongo

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