Dossier de la levée des immunités de Joseph Kabila : à Butembo, les opinions divergent dans la classe politique

L’ancien président de RDC, Joseph Kabila, après un entretien avec l’ancien président sud-africain Thabo Mbeki à Johannesburg, le 18 mars 2025. © Siphiwe Sibeko/REUTERS

Les sénateurs n’ont pas été capables de lever une option claire sur la levée des immunités de l’ancien président Joseph Kabila.  Lors de la plénière de jeudi 15 mai dernier à Kinshasa, deux tendances s’étaient dégagées. L’une déclarant le Sénat compétent en la matière, alors qu’une autre rejetait cette compétence en évoquant l’article 224 du règlement d’ordre intérieur du Sénat qui exige que cela passe par le congrès, donc par les deux chambres du Parlement réunies.

Dans l’émission Ekiryokovutuku diffusée le même jeudi à Radio Moto Butembo-Beni, les intervenants de l’UDPS, de la DCF-N et de l’Ensemble pour la République s’exprimaient déjà là-dessus.

Pierrot Mukongo de l’UDPS/Tshisekedi a indiqué qu’il s’agissait d’une procédure normale pour décourager les traîtres. Selon lui, le Sénat devrait mettre en avant l’intérêt de la nation plutôt que de se baser sur des lois qui consacrent l’impunité.

« Il doit être poursuivi vu son comportement. Le faire ainsi permettra à toute l’opinion de savoir que même un sénateur à vie peut être condamné et ainsi de signifier que personne n’est au-dessus de la loi dans ce pays », indique Pierrot Mukongo de l’UDPS.

Pour sa part, Kambale Makasi de la DCF-N, un autre parti de l’union sacrée, estime que les contraintes légales doivent nécessairement être prises en compte. À cela s’ajoute la présence des preuves.

« Pour y parvenir, il faut avoir des preuves, mais également la présence de l’accusé, cela donnerait encore plus de poids au procès. On le laisserait d’abord entrer au pays, on l’arrêterait ensuite et on penserait à la levée de ses immunités avant de le confronter aux preuves. Aussi, la constitution parle de cette question de l’ancien président. Le Sénat serait plutôt saisi par l’Assemblée nationale, mais l’actuelle procédure risque de ne pas aboutir », insiste Kambale Makasi de DCF-N.

Pendant ce temps, le représentant de l’Ensemble pour la République qualifie cela de théâtre et de populisme du gouvernement. Muhindo Akayesu Joseph évoque les pourparlers entre le gouvernement et le M23 qui pourront bloquer tout processus tentant à punir les collaborateurs de la rébellion.

« Admettons que Joseph Kabila collabore avec le M23, mais maintenant le gouvernement est en pleins pourparlers avec la rébellion. Et donc, aujourd’hui, poursuivre un collaborateur du M23, c’est une contradiction de la part du gouvernement congolais. Et si c’est vrai, donc le M23 peut même poser cela comme préalable et on n’avancera pas. On ne peut rien attendre car tout va se bloquer », rapporte Akayesu Joseph d’Ensemble pour la République.

Disons que le Sénat a mis sur pied une commission travaillant en toute discrétion pendant 72 heures afin d’un examen approfondi du réquisitoire de l’auditeur général des FARDC concernant le lavée des immunités et les poursuites contre Joseph Kabila. Ce dernier est accusé de collaborer avec le M23 soutenu par le Rwanda. Les conclusions de la commission sont encore attendues.

Stanley Muhindo  

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