10 ans de prison pour l’artiste Delcat Idingo : le collectif des avocats ira en appel
L’artiste Delphin Katembo Vinywasiki dit Delcat Idingo, écope désormais de 10 ans de prison ferme. Le verdict a été rendu le vendredi 17 décembre 2021 à Goma, à la prison centrale de Munzenze où le condamné séjournait déjà depuis quatre mois environ. Il n’a pas été le seul à etre condamné. Son collegue Muyisa Nzanzu Makasi, a lui, écopé de 2 ans de prison ferme. Mais quoi qu’il en soit, leur collectif d’avocats annonce qu’il ira en appel pour tenter d’obtenir la libération de ces deux artistes.
Maitre Baraka Kombi Vayunda, l’un des membres du collectif des avocats de l’artiste musicien Delcat Idengo explique que leur client était notamment poursuivi pour démoralisation de l’armée suivi de l’outrage à l’armée mais aussi une incitation populaire à s’armer contre l’autorité de l’État.
« Par rapport au prévenu Idingo, il lui était reproché notamment : une entreprise de démoralisation de l’armée, il lui était également reproché l’outrage à l’armée, mais également une incitation de la population à s’armer contre l’autorité de l’État (…) », a-t-il indiqué.
Le chanteur Delcat Idingo n’était pas le seul à être condamné ce jour. Son collègue Muyisa Nzanzu Makasi, a quant à lui, écopé de 2 ans de prison ferme.
« Pour le prévenu Muyisa Makasi, il lui était reproché l’outrage au chef de l’État. Après le réquisitoire, le ministère public a requis 2 ans de prison », a précisé le Maître Baraka Kombi.
Il mentionne que l’artiste Delphin Katembo Vinywasiki alias Indigo écoperait, selon les griefs portés à sa charge, de 20 ans de prison. Mais au regard de la plaidoirie du collectif de ses avocats, sa sentence a été réduite de moitié.
« Nous avons plaidé en montrant au tribunal que lorsque notre client Idingo chantait, il s’est retrouvé dans une situation de contrainte irrésistible, car lui-même se trouvait impliqué personnellement pour avoir perdu beaucoup de membres de sa famille et du coup, il se sentait lui-même touché et débordé par la situation, si bien que la façon pour lui de s’exprimer; était de chanter sa peine, ses émotions et tout ce qui n’allait pas… C’est même le titre de sa chanson : ce n’est pas normal », a poursuivi Maitre Baraka Vayunda.
Le collectif des avocats desdits artistes insiste par ailleurs qu’il ira en appel pour tenter d’obtenir, à tout prix, leur libération.
« Le juge a compris à une certaine hauteur lueur message. Nous encourageons les artistes. Nous leur demandons de tenir fort. Nous nous battons. Nous irons d’ailleurs en appel. Tous les supporteurs de deux artistes, nous leur demandons de garder le moral au cap. Nous comptons mettre en place, toutes nos ressources et nos moyens nécessaires en vue de leur assurer une bonne défense, jusqu’à épuiser toutes les voies possibles de recours », a laissé espérer Maître Baraka Kombi Vayunda.
Reconnu pour ses chansons révolutionnaires, Delcat Idingo avait été arrêté en ville de Butembo, où il allait prendre part à un concert. Ses proches, ses avocats, les acteurs de la société civile tout comme les défenseurs des droits humains, avaient exigé qu’avant sa comparution ou toute autre quelconque condamnation, Delkat Idingo devait préalablement être soumis à un examen psychique. Cela, soutenaient-ils, car les émotions exprimées dans les chansons seraient dictées par les frustrations de la perte, par massacre qui sévit au Nord-Kivu et en Ituri, de la plupart de ses proches. Mais en revanche, ces allégations n’ont pas été prises en compte.
John Tsongo Thavugha