RDC : le ministère du Commerce extérieur n’a pris aucune mesure qui interdit le transbordement à Kasindi (Mise au point)
L’opération de fractionnement des marchandises dite « transbordement » au poste frontalier de Kasindi-Lubiriha, entre l’Ouganda et la RDC est courante. Au ministère national du Commerce extérieur en RDC, l’on rassure qu’il n’y a pas de mesure suicidaire interdisant ce transbordement. La mise au point a été communiquée, le lundi 04 novembre 2024, à la presse par Edgar Katembo Mateso, expert au ministère de Commerce extérieur pour la région du Grand-Nord de la province du Nord-Kivu.
Pour lui, le ministre Julien Paluku Kaghongya, qui a arrêté de nouvelles mesures dans les échanges commerciaux, n’a lié aucune d’elles à la suite d’une certaine fraude orchestrée par les commerçants de Beni et Butembo. Edgar Katembo Mateso rappelle, à l’occasion, que 4 mesures seulement ont déjà été prises par le ministre du Commerce extérieur, depuis qu’il l’est pour le bien du pays.
« L’interdiction de l’importation de la bière et boissons gazeuses à travers l’arrêté No 011/MINCOMEXT/2024 du 26 juin 2024, 2) L’interdiction de l’importation du ciment gris et clenckers dans la partie ouest et sud-est du pays à travers l’arrêté No 014/MINCOMEXT/2024 du 05 juillet 2024 du 05 juillet 2024, 3) L’interdiction de l’importation de la chaux dans la partie Sud-est du pays à travers l’arrêté No 16/MINCOMEXT/2024 du 20 juillet 2024 et 4) l’Interdiction d’importation de 8 marques de farine de maïs contaminée à l’aflatoxine à partir de la Zambie selon le communiqué du 15 août 2024 », a-t-il rappelé.
Pour Edgar Mateso, le blocage des véhicules à Kasindi serait l’œuvre de la Direction provinciale de la DGDA, à l’issue d’une mission de service dans cette entité. Il précise que la DGDA n’est pas un service du ministère du Commerce extérieur, mais de celui des Finances.
« Je voudrais rappeler ici que lors de l’investiture du Gouvernement Judith Suminwa par le Parlement la nuit du 11 au 12 juin2024, la Première Ministre avait annoncé dans son Programme Quinquennal qu’elle fera de la lutte contre le fractionnement des marchandises et de la fraude fiscale son cheval de bataille. Et, à ma connaissance, lors du débat à l’Assemblée nationale, aucun député n’a osé recadrer, ni dénoncé la stratégie du Gouvernement, sauf erreur de ma part. En quoi ça devient l’histoire de Son Excellence Julien Paluku ? Je rappelle également qu’au courant de la semaine dernière, nous avons appris que le même contrôle systématique aurait été effectué à Kasumbalesa (RDC-ZAMBIE), à Kinshasa (RDC – Congo-Brazza) et dans beaucoup d’autres douanes. Là, apprend-on, le MinEtat Ministre de Justice et garde de sceaux est allé jusqu’à ordonner l’arrestation des agents de l’État ayant trempé dans la fraude fiscale », a-t-il expliqué.
Dans tout ce qui se passe, actuellement, à la douane de Kasindi, le ministre du Commerce extérieur congolais n’est impliqué de loin ou de près, défend Edgar Katembo Mateso, dans la conclusion de sa mise au point.
Le ‘‘transbordement’’ autrement aperçu
Un analyste et chercheur dans le domaine de droit perçoit autrement ce que font entendre les critiques sur le “transbordement”. Maitre Moïse Kikondo rappelle aux autorités congolaises que l’Administration ne gère pas les administrés uniquement par la contrainte puisqu’elle peut aussi les gérer mieux avec la persuasion.
Dans son message, que RADIOMOTO.NET a parcouru ce mardi 05 novembre 2024, il opine qu’il est regrettable que le ministre du Commerce extérieur congolais ait affirmé à haute voix qu’un commerçant congolais préfère coopérer avec un état voisin pour avoir la facilité de faire parvenir en RDC sa marchandise importée de la Chine, de Dubaï ou d’ailleurs.
Face à une telle situation, une Administration responsable devrait plutôt se sentir coupable que de recourir précipitamment à la contrainte, dit-il. Et en se sentant coupable, cette Administration devrait s’interroger sur deux faits : Maitre Moise Kikondo cite la raison pour un commerçant de préférer coopérer avec un État voisin pour devoir importer sa marchandise au Congo.
« N’est-il pas de la faute de l’Administration congolaise qui exige peut-être trop », s’interroge-t-il.
Il ajoute le fait qu’après autant d’année de perception de toutes les sommes, par exemple pour la douane de Kasindi, l’on peut hésiter de comprendre que l’Administration congolaise soit en retour incapable d’asphalter cette route nationale qui franchit Kasindi. Pour ce juriste, même sans contrainte, cette question de fractionnement des marchandises dite “transbordement” peut trouver de solution.
Il suffit que l’Administration congolaise arrive à persuader le commerçant congolais avec des meilleurs avantages que ceux que lui offrent les États voisins. Et dans ce même cadre, l’Administration congolaise doit apprendre aussi à asphalter les routes pour faire preuve de la gestion orthodoxe des recettes, chute notre source.
Patrick Kalungwana