RDC : « la loi régissant la liberté de la presse n’est plus adaptée au contexte de la profession ces jours » (Wema Kennedy)
La loi régissant la liberté de la presse en RDC n’est plus adaptée au contexte de la profession ces jours. Opinion du point focal de l’Union Nationale de la Presse du Congo, UNPC Butembo. Muhindo Wema Kennedy a émis cet avis à l’occasion de 24 ans de la promulgation de la loi sur l’exercice de la liberté de la presse au pays, à l’époque Zaïre. A son avis, il faut simplement une nouvelle loi.
Le Président voulait encadrer l’espace médiatique envahi par des médias privés après la démocratisation consacrée dès le décret sur le multipartisme. Aujourd’hui, le contexte a changé parce que les médias communautaires et les médias en ligne sont ignorés dans cette loi du 22 juin 1996.
A l’avis de Muhindo Wema Kennedy, il faut simplement une nouvelle loi. En révisant cette loi, il faudra alléger la procédure d’ouverture d’un média. Pour ouvrir une Radio, la procédure exige pas moins de 10 mille dollars. Encore que la même loi institue des impôts et taxes qu’aucune radio rurale ne saurait supporter au regard des maigres recettes. « Il y a une taxe qui demanderait aux radios de payer un franc fiscal par heure de diffusion », se désole Muhindo Wema Kennedy. A lui de mentionner que l’objectif de la reforme est la dépénalisation des délits de presse.
« Il vole la somme d’autrui, il boit des bières sans payer… il est citoyen comme tout le monde. Mais dans l’exercice de ses fonctions, il faut le protéger. L’idée c’est de dépénaliser. Que ce ne soit plus du pénal. En France, par exemple, il y a une commission d’éthique et un tribunal de pairs. Ils vont évaluer ta faute et t’exclure de la profession. Ce n’est pas déjà suffisant qu’au lieu qu’il aille en prison ? Il a dit des choses qui ne sont pas correctes, par exemple il a injurié à la radio ; eh bien, nous l’excluons », a-t-il opiné.
Toutefois, cette dépénalisation n’est pas une manière d’encourager la délinquance des journalistes, insiste Muhindo Wema Kennedy.
« Ce n’est pas faire du journaliste un petit Dieu. Mais c’est lui permettre de dire la vérité. Le public a le droit de dire la vérité. C’est ca le fondement du journaliste. Maintenant quand il arrive que nous avons des vérités dont nous avons peur de parler parce que nous irons en prison… Je peux avoir des informations par exemple sur les FARDC. Mais je me dis, si je le dis, on va me mettre en prison… Mais peut être que si je donne ces informations là, celui qui vole l’argent des soldats ne volera plus », a expliqué Wema Kennedy.
Une nouvelle proposition de loi sur la presse attend être déposée à l’Assemblée nationale, celle de 2013 ayant pourri dans les tiroirs de la chambre basse du parlement. Muhindo Wema Kennedy plaide pour que l’Etat congolais subventionne les médias en termes de d’exonération fiscale et douanière.