Goma : à la découverte d’Evelyne Fildaus, cette artiste peintre aux talents incomparables  

Il est vrai et évident que dans la société d’aujourd’hui, certains enfants sont de plus en plus victimes d’un comportement « irresponsable » de leurs parents ou tuteurs. Du refus à l’abandon familial, en passant par la non-prise en charge, Évelyne Fildaus en est une. Oui, une de ces filles qui ont été niées par leurs pères. RADIOMOTO.NET l’a rencontré le vendredi 22 avril 2022. Elle est devenue l’une des artistes peintes « hors normes » de Goma (Nord-Kivu).

L’artiste peintre Évelyne Fildaus avec John Tsongo, correspondant de RADIOMOTO.NET à Goma

« Mon père m’a renié en disant que je n’étais pas sa fille. Il est allé jusqu’à faire un test d’ADN. Malheureusement pour lui, les résultats ont prouvé que j’étais réellement sa fille. Mais, il a été catégorique. Et moi, suis allée chercher mes droits. Je l’ai traduit en justice. Mais jusqu’à maintenant, il ne décroche ni mes appels, ni ne me parle », explique Evelyne Fildaus à RADIOMOTO.NET.

Le talent surpasse le traumatisme

« Cette situation m’a certes, touchée, mais je me suis dit qu’il ne fallait pas qu’elle me brise toute une vie, tout un destin… Et je me suis lancée dans le monde de l’art », raconte-t-elle.

Peintre, couturière, maîtresse de design, décoratrice, une femme phénoménale ?

L’artiste peintre Évelyne Fildaus dans sa casquette de « Couturière ». @ John Tsongo

« Je fais la peinture. Je dessine sur des tableaux et ces images sont de nature à véhiculer plusieurs messages. Je fais le design, je fais la décoration des maisons, je fais des paillassons de divers genres : ils peuvent être à pierres (cailloux) ou faits à l’aide des tranches d’habits. Je confectionne également des sacs à dos, des sacs à main à l’aide des tissus ou d’étoffes divers, je fais la même chose pour des chaussures. Voilà en peu de mots, le gros de ce que je fais, mais il y en a tant d’autres », fait-elle savoir.

D’où part sa vraie carrière ?

« La toute première inspiration m’est venue quand je revenais de l’école, traversant la route pour la maison. On a failli m’écraser. Et arrivant à la maison, j’ai essayé de me ré-imaginer la scène avant de la retracer sur un tableau sous forme de dessin », se souvient Evelyne Fildaus.

Partie d’abord comme une blague, Évelyne Fildaus a rencontré un certain Faraja qui a renforcé ses capacités jusqu’à l’enrôler dans un groupe de peintres dénommé « Best décor ».

Don, talent ou passion, Évelyne et son entourage ne comprennent plus et le trio mêlé, l’accompagnent jusqu’à à l’école.

« Même à l’école c’était devenu catastrophique. Les enseignants s’étonnaient de moi. Plusieurs fois, pendant que l’enseignant donnait cours, moi j’étais là, à le dessiner sur un papier. Et quand il le découvrait, sa toute première réaction était de se fâcher puis me mettre à la porte », se rappelle Evelyne.

Excellence, renommée, puis sollicitations

« Quand les gens ont su que j’étais une talentueuse en dessin, nombreux, surtout les couturières ont commencé à me demander de leur concevoir des modèles », lâche Évelyne.

Femme, peintre, couturière, designer, décoratrice : des métiers pourtant masculins ! Seule femme dans un groupe de 7 hommes, Fildaus est fière d’être ce qu’elle est devenue.

« Ça ne me gêne pas en tant que femme de travailler toute seule parmi tant d’hommes. Même au chantier, je travaille courageusement comme ou plus qu’un homme et les boss m’apprécient », indique-t-elle.

Et de poursuivre : « Ma nature d’être femme, les stéréotypes y relatifs, les pesanteurs diverses tentant de me séparer de ma passion ne  m’empêchent jamais de continuer et de tenir fort ».

Évelyne : une aînée devenue « père de famille »

« Je suis l’aînée de ma famille suivie de 4 filles et un garçon. Je reviens avec de quoi manger. Et du coup, je suis devenue comme un père de famille ».

Père de famille, car Fildaus joue aux côtés de sa mère, le rôle que jouerait son père, aujourd’hui absent de sa famille. Petite en âge mais « vieille » en vision, Évelyne Fildaus gagne sa vie grâce à son métier. Elle fait certes, souvent face à des sollicitations « d’abus sexuels », ses marchandises qui traînent faute des clients, le manque d’atelier fixe pour enraciner son activité, autant des difficultés qui font partie de son quotidien. Mais, son rêve est grand : créer un grand centre moderne d’encadrement des jeunes en peinture, design, confection des souliers, et décoration. Elle a besoin du soutien du gouvernement congolais et de toute autre personne de bonne volonté pour accompagner ce vœu.

Des propos receuillis par John Tsongo

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