Le prof Télésphore Malonga sur la proposition de Loi fixant le mandat du Chef de l’Etat à 9 ans non renouvelable : ‘’Si vous donnez à quelqu’un un mandat très long, il ne peut plus rendre compte’’

Il n’est pas mauvais de rédiger une nouvelle constitution pour la République démocratique du Congo (RDC) mais cela demande une évaluation de l’application des constitutions précédentes. C’est la réaction du professeur Muhindo Malonga Télésphore, professeur de droit public et droit constitutionnel à l’Université Catholique du Graben (UCG).

Ce constitutionnaliste a fait cette réaction dans un entretien accordé, ce samedi 26 août 2023, à RADIOMOTO.NET. Selon cet enseignant, ici le problème n’est pas le texte mais plutôt l’application de ce texte par les dirigeants. Et pour lui, il faut d’abord partir d’une évaluation sur la pratique de la constitution et de constitutions précédentes pour pouvoir  se rassurer que la nouvelle ne subira pas le sort des précédentes.

L’abbé professeur Muhindo Malonga Télésphore indique qu’à voir les constitutions en RDC, depuis l’indépendance, on a en moyenne une constitution toutes les 5 ans.

« C’est vrai aujourd’hui, on peut proposer de la remplacer. C’est-à-dire d’en rédiger une autre. Mais cela ne peut se faire qu’à partir d’une évaluation de celle qui est là. On devrait d’abord se poser la question de savoir : est-ce que nous la pratiquons, nous l’appliquons au moment où elle a été élaborée ? », a-t-il questionné.

Parlant du mandat présidentiel de 9 ans non renouvelable, il croit que cela ne servira qu’à l’intérêt du Président. Ce dernier ne se sentira redevable devant personne. Il passera les 9 ans à n’amasser que pour lui-même car avec un bon bilan ou non, le président doit partir.

« C’est souvent pendant le premier mandat qu’une autorité peut s’efforcer de faire quelque chose, parce qu’elle a un rendez-vous pendant lequel elle doit rendre compte. Mais lorsque vous donnez à quelqu’un un mandat très long, sans aucune possibilité de rendre compte à personne, en réalité, vous voulez donner à quelqu’un 9 ans en train de se servir à la tête du pays et à la fin, il s’en va tranquillement sans avoir à rendre compte », a-t-il démontré.

Pour ce qui est du fédéralisme comme mode de gestion du pays, le prof Muhindo Malonga Télésphore fait attendre que ce mode a été proposé depuis l’indépendance. Mais là encore, une crainte s’observe sur la volonté du pouvoir central à respecter les droits reconnus aux Etats fédérés.

Stanley Muhindo

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