A Butembo, une déplacée de Beni témoigne avoir observé les ADF égorger 110 civils   

Sept mois de vie d’otage entre les mains des rebelles présumés de l’ADF, c’est une vie infernale. C’est ce que raconte une femme qui accepte de revivre la douloureuse expérience devant des micros. Déplacée de son état, elle a révélé, ce mardi 03 mars, que les kidnappeurs pratiquent même l’anthropophagie.

Nous lui confions le pseudonyme NAOMI. Elle témoigne avoir été kidnappée à Beni-Kalingate. « J’ai passé là-bas 7 mois. Les gens sont contraints de prendre de la banane et de la chair humaine. Des gens qui transportent des sacs de riz, de cacao, des haricots depuis Isale, Karuruma jusqu’à Madina. Quand nous sommes arrivés ils nous ont dit que le Nord-Kivu leur appartient », a témoigné cette femme.

Après avoir passé ces jours en brousse, chacun de 125 otages a été appelé à adresser sa dernière prière à Dieu qu’il adore. NAOMI témoigne avoir vu 110 personnes égorgées. « Les larmes avaient séché après égorgement de la 10e personne », pleure encore NAOMI, toutes les fois qu’elle est sollicitée à se souvenir du jour là sombre. Comment cette dame a-t-elle échappé à la mort ? Témoignage.

« La 111ième personne à égorger c’était moi. Le commandant m’a alors appelé pour me dire que mon sang était incompatible avec ceux qui devaient être égorgés. Il m’a même demandé de renter. J’ai refusé à mon tour, ayant vu la souffrance des autres. Il m’a été demandé d’appeler chacun par son nom. Les gens qui restaient… », a-t-elle lancé avant d’ajouter « On nous a dit de ne pas dévoiler ce qui se passe là-bas. Ils nous ont même demandé de dire à Nyonyi, le maire, de ne plus envoyer ses hommes qui larguent des bombes dans la brousse. C’est cette colère qui nous pousse à aller égorger là-bas ».

NAOMI et d’autres personnes ont vécu cette situation quelque part en territoire de Beni au Nord-Kivu. Pour des raisons de recherche d’un oasis de paix, elles sont déplacées dans leur propre pays. Seul Dieu connait comment ces déplacés vivotent grâce à la générosité de certaines bonnes volontés qui les assistent à travers l’ISRON à Butembo. L’Intégration Sociale pour la promotion des Nécessiteux a son bureau à la paroisse Cathédrale. Chaque mardi comme ce 3e jour du 3e mois, notre reporter a vu des centaines de déplacés affichant tous un visage de tristesse.

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