Nord-Kivu : le taxi par triporteurs, un frein au métier des ‘‘Tsukudeurs’’ à Butembo

L’avènement des tricycles communément appelés triporteurs impacte sur les recettes des trotteurs dits « Tsukudeurs » et charretiers en ville de Butembo. Les acteurs de secteurs menacés ont donné cette confirmation à Radio Moto Butembo-Beni ce mercredi 4 septembre 2024. Pour orienter ces derniers, Mumbere Misisa Jackson de l’Association de taxi-moto et véhicule invite les pousses-pousseurs et charretiers à s’adapter à l’évolution sociétale.

Reportage Glodi Mirembe ⤵️

Au centre-ville de Butembo, la circulation routière est diversifiée des piétons, les motos à deux pneus et tricycles, mais également des véhicules. Des charretiers et trotteurs sont aussi visibles sur différentes rues et avenues, mais pas comme avant. Sur avenue Stade, nous rencontrons des conducteurs des trottinettes à leur parking. Ici, certains débattent sur la situation socioéconomique du pays, d’autres sont allongés sur leurs outils de travail. Mumbere Ambroise, une quarantaine et dix ans d’expérience, regrette que son travail perde de plus en plus sa valeur suite à l’arrivée des triporteurs.

Il dit constater que son travail est très menacé. Ambroise se désole qu’avant, il pouvait facilement trouver dix dollars en mi-journée, mais qu’actuellement,20 milles, par exemple, c’est devenu un mystère.

« Nous trouvions beaucoup d’argents et le gaspillions en pensant que les choses ne changeraient pas. À l’époque, nous gagnions facilement du matin à 12h, 10 dollars. Et quand nous trouvions cet argent, nous prenions de l’alcool en pensant que cela restera éternel. Actuellement, nous trouvons uniquement les courses du centre-ville. C’est par exemple le déplacement des biens du marché central à l’extérieur où le triporteur n’arrive pas. Nous ne gagnons plus d’argent comme avant », a-t-il déclaré.

De l’autre côté, sur avenue Kitsuku, c’est Kambale Justin et ses compagnons charretiers et tsukudeurs qui sont assis sur un banc. Charretier depuis plusieurs années, il confirme que la plupart de ses clients commerçants n’acceptent plus son prix et recourent aux tripoteurs. Ce dernier ne comprend plus rien.

« Quand on veut utiliser la charrette, après la proposition du prix, le patron dit directement : je vais utiliser le triporteur.  Nous nous demandons si les conducteurs des triporteurs bénéficient d’un carburant gratuit des patrons ou si pour eux c’est un travail par sentiment. C’est quelque chose qui nous étonne et notre travail n’a plus de valeur. Nous ne gagnons plus comme avant, mais nous ne savons plus où va le monde. Vous voyez, nous sommes assis sans travail », s’est-il plaint.

Mumbere Misisa Jackson, expérimenté dans le domaine de transport et président honoraire de l’ATAMOVE, note que les trotteurs et charretiers doivent s’adapter à l’évolution dans le monde de transport. Ce, en achetant des nouveaux engins à l’instar des motos taxis ou des triporteurs. Il encourage l’épargne.

« La majorité de taximen ont été des pousses-pousseurs. Je l’avoue, parce que j’ai enregistré tant de taximen qui ont été des Tshukudeurs. Il faut savoir ce qu’on appelle épargne. Si vous pensez à épargner, vous comprendrez que celui qui a été tshukudeurs, demain ou après-demain, il va rouler sur une moto triporteur. Ces tshukudeurs ici, ils n’ont pas intérêt à se battre contre les triporteurs, mais plutôt à s’adapter à la modernisation », a-t-il encouragé.

Depuis la création de la ville de Butembo, les charges lourdes étaient toujours prises par charrette et tchukudu pour le déplacement. L’avènement des tripoteurs est en train de changer la donne depuis quelques années.

Glodi Mirembe

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