RDC : de nombreuses étendues de caféiers abandonnées en brousse à l’avantage du cacao dans l’Est (Reportage)

Productive, rentable et facile à entretenir, la culture du Cacaoyer assujettit celle du café dans la région de Beni, Mambasa et Irumu située à cheval sur les provinces du Nord-Kivu et de l’Ituri. Plusieurs étendues de caféiers sont abandonnées dans la brousse, sans entretien, et d’autres plantules se sont vues arrachées à l’avantage du cacao, dont la culture prend de l’ampleur. Conséquence : la poudre du café devient rare dans des boutiques et cafétérias et son prix a vertigineusement haussé.  

Ce matin, Mbusa Mbegeti, vient de sillonner tout son quartier Mambango à la recherche de la poudre du café, mais la denrée y devient de plus en plus rare, comme dans tout le reste de la ville.

“Le café est devenu rare et le prix a haussé, on ne sait pas comprendre cette situation. Parce qu’on ne peut pas réussir à dormir ou à se réveiller sans prendre du café”, se plaint-il.

Pour Maha Usama, de Oïcha, la rareté du café serait due à l’insécurité permanente dans leurs champs situés dans la profondeur de la brousse et dans les villages vidés de leurs habitants suite à l’activisme des bandits armés.

“Nous nous rendons au champ avec la peur au ventre. Les agriculteurs ne s’intéressent plus à la culture du café. Je pense que c’est depuis l’époque de Mobutu. Et depuis, le café s’est rarifié”, a-t-il opiné. 

Pendant ce temps, dans des vérandas où les hommes du village se rencontrent tous les matins autour du café, la surprise est désagréable. La plupart se reprochent d’avoir délaissé la culture du café en faveur du cacao, pour plusieurs raisons.

“(I) Nous avons des champs vers Kaseghe, Toda, Sayo… nous n’avons pas le temps d’entretenir les champs. Les graines de café se détériorent même par terre dans des champs. (II) Nous aimons cultiver le cacao, parce que même si vous allez dans votre champ à 10h, vous pouvez récolter 100$. Mais pour le café, c’est un grand travail”, ont-ils démontré. 

L’expert agronome Kambale Makasi estime que, pour palier cette carence, le gouvernement congolais, à travers l’Office national des produits agricoles, devrait, non seulement intensifier la sensibilisation des agriculteurs du café, mais aussi, impulser les partenaires à investir sérieusement dans la filière café.

“Actuellement, ce sont les acheteurs qui cherchent les planteurs. Mais pour trouver un acheteur qui cherche le café, c’est tellement rare”, a-t-il précisé. 

Depuis fin novembre, le prix du kg de cacao est passé de 7.2 à 7.5 dollars, alors que celui du café, dont le traitement se montre très exigeant et chronophage, est resté à 4$.

Siku Provinces

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