Lubero : les lieux de deuil, un refuge pour les consommateurs nocturnes de l’alcool à Kirumba
Des jeunes développent cette culture de se réfugier dans les endroits de deuil pour consommer paisiblement de l’alcool. Le bourgmestre de la commune de Kirumba (dans le territoire de Lubero au Nord-Kivu) frappe d’interdiction cette pratique qui insécurise ses administrés. La mesure a rencontré des échos favorables au sein de la population qui d’ailleurs veut que l’autorité communale punisse avec rigueur.
Dans cette commune de plus de 4000 habitants, le deuil, loin d’être le lieu habituel où les gens pleurent, on attend habituellement des cris de toutes les gammes de chansons et de chants transformés en injures. Quelques fois on peut assister à des petites altercations. Trop c’est trop, interpelle le bourgmestre de la commune.
« Trois cas sont déjà enregistrés. Si tu arrives à mon bureau, je t’explique les situations palpables qui nous troublent dans la communauté. Je réaffirme, un lieu de deuil n’est pas un lieu de prise de boisson. Voilà ce que j’interdis formellement. Si on est venu pleurer avec la famille, que ce soit vraiment le cas », a conseillé CLOVIS KANYAVU.
La société civile recommande que l’autorité communale punisse sévèrement les récalcitrants.
« Le lieu de deuil est un lieu de recueillement. Quand les gens se méconduisent jusqu’à créer le désordre, je crois que ça ne va pas. La mesure du bourgmestre est une mesure à saluer. D’ailleurs il faudrait qu’on prenne d’autres mesures au-delà », a soutenu OMBENI MUFANZALA, le président de la société civile.
Parce qu’il ne faut pas mettre une distance spirituelle avec celui qui vient de mourir…
Un sociologue ne condamne pas la consommation de la boisson au lieu de deuil. Il fixe cependant certaines limites qu’il ne faut pas dépasser.
« Les boissons de jus de banane là, c’est pour communier avec l’au-delà, les ancêtres. Mais la boisson alcoolique, justement, parait comme un péché. Quelque part dans cette communication cosmique avec nos ancêtres, la boisson alcoolique est prohibée en ce sens là qu’elle crée une distance ancestrale ou une distance spirituelle avec celui qui vient de mourir, avec l’au-delà », a laissé entendre KISWAHILI NORBERT, spécialiste de mentalité des peuples.
Cette mesure de non prise de boisson au lieu de deuil arrive après l’échec de plusieurs autres décisions.