RDC : Le président de la République appelé à créer une cellule spéciale pour mettre fin aux massacres de Beni

OCTOBRE 2019-OCTOBRE 2020 :

UNE ANNEE DE PLUS ET DE CALVAIRE SUPLLEMENTAIRE :

QUE FAIRE ENSEMBLE ?

« Je crois et je parlerai » cf Ps 115, 1

 

Introduction :

En ce jour où l’Eglise universelle célèbre la solennité de tous les Saints, je me tourne non pas vers cette foule à laquelle s’adressait Notre Seigneur Jésus-Christ et qui était constituée des malades, des infirmes, des gens qui souffrent (cf Mt 4, 23) mais vers cette foule, cette humanité, mes diocésains qui sont au bord du désespoir. Et pour cause ! Nous sommes tués, massacrés tous les jours dans une indifférence de plus en plus déconcertante.

Et pourtant nous continuons d’espérer, d’aspirer au bonheur annoncé dans les Béatitudes proclamées par Jésus-Christ (Mt. 5, 1-12) ! C’est pourquoi nous parlons encore.

Les Faits

Depuis le gouvernement précédent et plus précisément en octobre 2014,  nous sommes tous témoins des massacres atroces dans le Diocèse de Butembo-Beni, dans la région de Beni-ville et territoire. Ces crimes odieux se sont poursuivis, sans désemparer…

En octobre 2019, le gouvernement actuel de la RDCongo a lancé des « opérations militaires de grande envergure » pour mettre fin à ce phénomène de tuerie. Des délégations se sont alors succédées dans la région avec des messages d’espoir jusqu’au tout récent, celui du Ministre National de la Défense qui disait « les ADF que vous avez vus, vous ne le reverrez plus ».

Entretemps, entre Juillet et mi-Octobre 2020, le calvaire continue avec des massacres à Kainama, à Mbau, à Mabasele, dans les périphéries Est-Ouest de Oïcha (Mayitiki, Mapasana, Makele, Mukomuko, Baeti,…) à Mamove, à Musuku, à Mbutaba, à Halungupa, à Bulongo, à Ntoma, à Kinambaore, à Nzenga, à Mutwanga, à Mbilali, à Kavingu… et dans la nuit de ce Vendredi au Samedi 31 octobre, le carnage de plus de vingt personnes dont notre animateur-catéchiste, Kasereka Kisusi Richard à Kitsimba et Lisasa, dans le groupement de Buliki, secteur de Ruwenzori, dans la paroisse « Regina Pacis » de Maboya. Kisusi Richard venait à peine une semaine, de finir sa formation pastorale au centre catéchétique de Butembo et devait être installé dans ses services ce dimanche de la Toussaint. Que, par la miséricorde de Dieu, toutes ces victimes innocentes reposent en paix !

En plus de ce carnage du 31 Octobre dernier, il y a plusieurs personnes kidnappées, des maisons brulées, des pharmacies et boutiques pillées, le centre de santé UWAKI de Lisasa pillé et incendié et l’Eglise catholique du secteur de Lisasa profanée. On doit noter que certaines maisons ont été incendiées après qu’on y ait pillé ce dont on avait besoin et laissé tout ce qu’on n’avait pas pu emporter. Quel sadisme qui rappelle malheureusement ce qui s’est déjà passé à Eringeti et ailleurs et dont l’ensemble de faits constitue des crimes contre l’humanité !

Nous ne pouvons pas ne pas mentionner dans ce tableau sombre l’évasion spectaculaire de 1345 détenus sur un total de 1456 à la prison de Beni-Kangbayi le 20 Octobre 2020.

Des interrogations

-Bien avant le lancement « des opérations de grande envergure », le peuple doutait sérieusement de la composition et de l’attitude des forces de défense et de sécurité. A-t-on seulement pris compte des plaintes consécutives à ce doute de cette population avant de lancer ces opérations, sinon ne faudrait-il pas y revenir ?

-Avec ces opérations, on pensait conjuguer l’action de tout le monde : Police Nationale Congolaise, Fardc, Monusco, Services de renseignements et de migrations, Population. Peut-on évaluer cette action dans son ensemble et dans les composantes de ses membres ?

-La dernière évasion de la prison de Beni-Kangbayi laisse de doutes immenses sur les agents de l’ordre et de défense : quelle action a été entreprise pour corriger ces failles et, éventuellement sanctionner les personnes coupables ?

-Quelle réponse anticipée a-t-on donné au risque majeur de recrudescence de l’insécurité à la suite de cette deuxième évasion du 20 0ctobre dernier après celle de 2017 de plus ou moins 900 détenus ?

-La problématique des groupes armés reste sans solution durable : est-ce volontairement ou non ? Surtout que ces groupes sont apparus sporadiquement par-ci par-là dans les territoires de Lubero et de Beni et qu’à un moment donné, des membres civils ou militaires du gouvernement sont venus de Kinshasa pour les regrouper dans des centres afin de les démobiliser ou de les intégrer dûment dans les FARDC après une formation appropriée. Il est curieux de constater que toutes ces démarches, au lieu d’aller jusqu’au bout, ont plutôt laissé apparaître les mêmes ou des nouveaux groupes armés.

-Avec un décompte macabre de plus ou moins 4000 morts depuis octobre 2014 dont 1000 entre octobre 2019 et octobre 2020, la population se demande avec raison ce qu’elle doit encore faire pour emmener les forces de défense et de sécurité à éradiquer les ADF et les autres groupes armés, « présumés » responsables de l’insécurité dans la région ?

-Que pensez alors de la sollicitation d’une opération du genre « Artemis » pour venir à bout de cette insécurité ?

-On entend souvent dire que ce sont les réserves de pétrole dans les « Graben-Albertine », le coltan, le cacao et d’autres richesses naturelles de notre région qui sont la cause dernière de l’insécurité et des massacres interminables que nous enregistrons presque chaque jour. Est-ce humainement raisonnable et responsable de sacrifier « dans un silence honteux » tant de vies humaines pour des intérêts économiques et/ou politiques ?

Que faire ?

-Réveillons-nous de notre sommeil pour un engagement citoyen (cf Rm 13, 11) afin d’évaluer ensemble la situation autour de ce carnage à Beni et ses environs.

-Quittons cette indifférence révoltante qu’on constate chez la plupart d’acteurs politiques, administratifs… comme celle qu’on vient d’observer avec l’affaire de 800. 000 $ interceptés dernièrement à la frontière Kasindi et qui semble n’avoir préoccupé aucune autorité compétente au plus haut niveau.

-Demandons explicitement l’implication du Chef de l’Etat pour la solution définitive à l’insécurité de l’Est en général et du grand nord du nord-kivu en particulier. Cela signifie la création d’une cellule à la Présidence de la République qui suivra la situation complexe liée aux tueries de Beni et ses environs dans des actions politiques, militaires, diplomatiques et judiciaires.

En annexe : Des images des victimes des massacres du 31 Octobre dernier qu’on n’a pas le courage de voir deux fois. Et dire que c’est le même « modus operandi » qu’on observe à chaque massacre depuis 2014 dans le territoire de Beni !

VICTIMES DES MASSACRES DE LISASA   LA NUIT DU VENDREDI 30 AU SAMEDI 31 OCTOBRE 2020 EN TERRITOIRE DE BENI SECTEUR DE RWENZORI.

RADIO MOTO BUTEMBO-BENI

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